Dans nos discussions et débat, le thème de l’éducation
et comportements de nos jeunes, occupent à juste titre
une place prépondérante. Je n’ai jamais abordé
le sujet pour la simple raison, que je suis limité comme
éducateur, dans le sens profond du terme. Néanmoins,
c’est un sujet aussi important que les autres, car c’est
celui qui façonne la personne, dans sa vie, dans son évolution
dans la société, par voie de conséquent,
c’est le 1er des piliers.
Sans éducation, la personne ressemble à un animal
(mais sauvage). Cette personne ce met très vite en marge
de la société, devient sans loi, encore moins foi.
Pourtant, on ne peut évoluer dans une Sté sans respecter
les lois qui régissent cette même société.
Comme il y a, le code de la route, maritime, la réglementation
aérienne, un maître à l’école,
un arbitre de foot où autres sports. Alors, la vie dans
la société exige le respect des règles, des
lois. Depuis les nuits de temps, bien avant que les blancs débarquent,
envahissent nos rivages en occupant nos pays, nos sociétés
avaient leur civilisations, ses propres cultures, lois, les règles
de vies. En ce qui concerne notre pays, malgré 150 ans
d’un colonialisme intégral, le peuple Comorien a
donné un exemple rare, pour ne pas dire unique.
En effet, il a su garder son authenticité, ses valeurs
et notamment religieuses. Nos ancêtres ont compris que sans
culture, sans références sociales, la personne n’est
rien. Sachant que le 1er de la mission colonisatrice est de demander
à la personne ( occupée ) de cesser d’être
elle même, pour devenir « Blanc ». Dans la façon
de penser, de vivre, de se comporter, etc… Je crois que
nos grands parents avaient compris les méfaits dés
le départ, dans ce sens qu’à une certaine
époque il fut difficile d’envoyer son enfant à
l’école, surtout les filles, pour ne pas devenir
comme le blanc, soit (Mzugu) par conséquent, risque d’aliénation,
s’écarter de ses propres valeurs. Ali Soilihi avait
dit : Ye Mwana Mshe Mkomori Ya Subilwa Ne Mapvushe Ya
Mbil’ Mapuzi Wo Wengwe wa Hahe Wo Umalala.Ngu shenkezo wo
Mpaho. Ye Mapvazi. Ngusuguho Nkima we Kushindi Wa Raanbuwa huka
Wola Nde Mwanashwa Haho ». Ce discours date de
1976. Et sans commentaire. L’éducation que ma
génération avait reçu à Majunga
(M/car) de nos parents reste pour moi une bonne référence.
En arrivant aux Comores, j’ai retrouvé presque
la même chose, les mêmes valeurs : Respect aux aînés.
Respect des choses publics. Respect de la tradition. Respect
des parents. Respect des vieux. Respect d’autrui, etc..
Me disant que c’est le même pays divisé en
deux, tant les similitudes ont été très
frappantes. J’ai vécu à N’Tsaweni
des choses qui n’existent plus aujourd’hui, dont
il serait très long à expliquer. Quand j’ai
retourné au bled en 1984 (après 9 ans et demi
d’absence) je ne reconnaissait plus la ville, dans ses
valeurs, dans son fonctionnement, le changement radical des
comportements. Dans mes innombrables séjours qui ont
suivi, à nos jours, j’ai pu mesurer le degrés
de la descente aux enfers de nos valeurs. Ntsaweni sur le plan
national n’est pas en reste, sur les maux, fléaux
qui frappent notre pays : La violence. L’insolence. La
prostitution et surtout juvénile. Les vols. Le banditisme.
Chômage.
Un jour (2001) je me trouve à Moroni dans un restaurant
( le Karthala ) avec un ami, il me présente à
un copain à lui. Quand ce dernier a entendu que je suis
de N’tsaweni et ne sachant pas a qui il s’adresse,
il a rétorqué : Oh ! Hula Mdjini, Wohanyu Hama
Manille (Philippine)Wazade Ntelele. Je peux vous rassurer, qu’il
a regretté et il ne m’oubliera pas de toute sa
vie, il n’a pas pu finir son repas.
J’ai vu, que des jeunes confondaient insolence et témérité.
Wutsopwa Dabu Mbali. Wusubuti na Hila Mbali. J’ai constaté
le désœuvrement de certains jeunes abandonnés
à leur sort, contrairement de ce que nous avons vécu.
Aujourd’hui un enfant de 14 ans se permet de tout, parce
que derrière il compte sur son oncle, frère, son
père pour le défendre au cas ou…. Chose
qui n’existait pas avant. Exemple de mon époque
: Si une tierce personne me frappe, m’engueule, etc..
arrivée aux oreilles de mes oncles, grands pères
(A. Boina. Mchangama Mbaraka. Said ou feu Moumini Mroivili et
Hachim Shehu) Ils ne me défendent pas, ils aggravent
ma situation, car ils sont solidaires des décisions des
autres. Est ce que c’est le cas aujourd’hui ? On
touche à un de mes neveux aujourd’hui, ma 1ere
réaction serait d’aller en découdre avait
le coupable, sans savoir pourquoi mon neveu fut blâmer
ou frapper. On voit aussi un oncle qui préfère
donner 10 000 FC à une fille de 14 ans (et on sait pourquoi)
au lieu d’aider son neveu ou la famille. Donc dans la
décadence actuelle de l’éducation de nos
cadets, neveux, nièces, enfants, nous, leurs aînés
assumons une très lourde et grande responsabilité.
Avant d’éduquer un peuple, fait toi éduquer
par le même peuple » Disait un sage. C’est
ce que nous les grands devrions faire pour montrer l’exemple,
au lieu de s’acharner sur les jeunes.
Marseille le 5 Mars 2005.
Salim Ahmed. Kalé.
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